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Le monde ou rien

  • Photo du rédacteur: Méline E
    Méline E
  • 7 déc. 2018
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 déc. 2018


Nous avons baissé la tête longtemps.

Alors que les noms s'égrainaient dans nos têtes, se gravant sous nos peaux :

Zyed

Bouna

Lamine

Adama

Gaye


Malgré ces noms, nous n'avons rien fait, ou trop peu.

Alors que les coups pleuvaient sous les ordres d'un Valls, Cazeneuve, Colomb ou d’un Castaner, nous n'avons rien dit, meurtris dans nos chairs.

Alors que les promesses s'accumulaient, supportées par vague de tweet planétaire, nous avons attendues patientes et dociles. La grande cause du quinquennat qu’ils disaient.

Mais rien, n'a été fait, et rien n'a été entendu.

Certains de nos amis sont morts, presque pour rien. Je pense à Clément Méric, je pense à Adama Traoré, je pense aux femmes tuées tous les trois jours dans ce pays.

Chaque jour, nous aussi, nous nous accommodons de petits pas. Chaque jour, nous oublions nos cours d'écoliers chantant les Lumières et Victor Hugo, remplacés par des Le Pen et Monsieur Valls.

Chaque jour nous nous accommodons de ce front républicain de 2017 qui a enfanté d’un Gérard Collomb et de sa loi asile et immigration.

Parfois pourtant.

En 2005, certains se sont soulevés pour demander dignité.

En 2016, certains se sont redressés pour demander considération.

En 2017, certaines se sont révoltées pour demander respect.

Malgré cela, malgré cela.


Aujourd'hui encore alors, nous retroussons nos manches et battons pavé. S'insurger, passer la nuit debout ou manifester n'est pas quelque chose d'aisé. Mais il est vrai, qu'après toutes ces années, l'odeur du gaz, dans les ZAD ou sur le bitume, ne nous est plus étranger. Le mouvement qui éclot sur nos yeux n'est pas né d'hier. Il est né des coups de matraques et des assignations à résidence de 2016. Merci Manu. Pas vous, l’autre. Le mouvement qui fleurit à l'instant ne serait rien sans la mobilisation des étudiants de Tolbiac, des associations qui viennent en aide aux réfugiés, des cheminots et des DOM-TOM -fer de lance et, toujours, chair à canons.

Et vu qu'il y aura toujours assez d'hommes pour violer des femmes, des industrielles pour intoxiquer l'eau des guadeloupéens, la flamme -jaune ou qu’importe – qui s'embrasent n’est pas prête de s'éteindre.

Et si je hais ces drapeaux tricolores qui flottent dans les rues comme un étendard -mais un étendard de quoi au juste ? -, et si je hais certaines dérives du mouvement, j’atteste que les souvenirs de Zyed, Bouna, Lamine,

Adama, Gaye, et de tous les autres raisonneront dans les rues.


Car effectivement, nous n’en n’aurons jamais assez. Le monde ou rien.


M.E

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